Ce que vous venez de voir, c'est l'océan.
Ronde immensité tempétueuse, corps liquide
Gorgé de vie de mémoire et de sel.
Ce goût-là nous est si familier.
Léchez vos larmes, goûtez votre sang
Et vous aurez sur la langue, surprenant,
Familier, le goût du sel.
Or c'est ce qu'il nous faut.
Le miel ne nous semblerait pas si doux
Sans le goût amer du sel.
Nous sommes avides de paix, avides de bonheur
Mais au plus profond nous savons
Que nous n'atteindrons ni l'une ni l'autre
Sans l'âpre morsure du sel.
Nous faisons tant d'efforts pour l'expulser de nos corps
Dans les larmes, la sueur ou l'urine.
Chassez de votre corps toute trace de sel
Et vous mourrez.
Si grand est son pouvoir !
Il peut mettre à bas une montagne,
Changer en sable l'avalanche,
Et pourtant nous baignons en lui.
Nous nous tenons dans la flaque de nos larmes
Dans l'espoir d'expulser avec lui
Notre angoisse de vivre.
Et il chante pour nous.
Artistes et poètes ont toujours entendu
L'appel de l'eau.
Virginia Woolf. Ophélie ont trouvé toutes deux
Leur dernier repos et leur
Consolation dans la tendre
Etreinte du sel.
Aussi, la prochaine fois que vous pleurerez,
La prochaine fois que vous aurez sur vos lèvres
Le goût du sel, souvenez-vous de l'océan,
Souvenez-vous de l'abîme qui vous entraîne
Dans sa nuit et aimez-le.
Pleurez et réjouissez-vous
Dans la pureté du chagrin.
Alan Brooks
(traduction de Jean-Pierre Siméon)
2 commentaires:
comme c'est beau
Tu fais bien les choses, Mariaa. Après la théorie, la pratique, c'est bien logique !
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