Huellas pequeñitas en nieve de julio...

samedi 15 novembre 2008

Lágrimas

Les larmes sont une chose mystérieuse. Grand-père me disait autrefois qu'on a des conduits lacrymaux pour laver nos yeux qui sont des machines fragiles et délicates, mais personne ne sait pourquoi ces mêmes conduits se mettent à marcher tout seuls quand on est triste, quel est le rapport entre le chagrin et l'eau salée mais c'est comme ça, d'un seul coup grand-père me manque énormément, et plus je pleure, plus il me manque. Quand on pleure chaque raison de pleurer en entraîne une autre. [...] je sanglote sur sa poitrine [...] les passants jettent sur nous un œil distrait et poursuivent leur chemin, ils en ont vu des gens carbonisés réduits au tiers de leur taille naturelle, des flammes de phosphore leur dansant encore sur le dos, ils ont vu des momies rouges violettes et brunes figées pour l'éternité, des tramways pleins à craquer des passagers rôtis, des mains de femme sur le sol, des têtes humaines grandes comme des balles de tennis, des gens réduits à de petits tas de cendres ou bouillis jusqu'à l'os par l'explosion de leur chaudière, ils ne peuvent pas s'émouvoir pour des vétilles comme les larmes d'une petite fille.

Lignes de faille, Nancy Huston
*

1 commentaire:

Anonyme a dit…

honni soit qui mal y aime et ignore tout des larmes, brasseur de vent, parleur de vide



une langue tissée de silence et qui aime, paix blonde et calme vif, seuil de tout et des choses incertaines



on ne perd pas le nord, on se perd en lui, on continue sauvage



qui vit le poids du seul connaît aussi celui des larmes



à de certaines heures plus profondes que schubert ou que brahms, même le silence pleure, la lumière



on ne pleure pas en silence, on pleure le silence



on ne pleure pas avec les yeux, on pleure avec le cœur, les larmes sont le sang invisible



parce qu'il faut que cet amour soit dit, que les mots le rencontrent et que l'encre le rende, parce que



il faut que le silence ait lieu, il faut que tout soit parce que tout vit, et le plus clair du chant et le très fin du sang



il faut que les larmes larment, que les pleurs pleurent et que saigne le sang, il faut que le pur mal ait lieu



à l'invisible nul n'est tenu mais tous se doivent,



pierre grouix

mais c'est bien aussi de les sécher , de danser, de se reposer l'âme en caressant lunita....